L'incroyable histoire de Boris 1er, Roi d'Andorre... pendant une semaine

Les institutions de la  Principauté d'Andorre ce sont  deux Co-Princes.  le Co-Prince Français est le Président de la République Française, le  Co-Prince Épiscopal est l'Évêque de La Seu d'Urgel pour l'Espagne.
La loi est votée par  le « Consell General » et le pouvoir exécutif exercé par le Gouvernement d'Andorre.
Mais la Principauté a  eu, aussi, très brièvement un roi. L'histoire mérite d'être contée. 

 

L’étonnant Boris Skossyreff
Dans les années 30, la Principauté connait des troubles politiques et sociaux. Le Co-prince épiscopal demande l'aide du Co-prince Français. Albert Lebrun, Président de la République française, envoie  le 8 août 1933 une cinquantaine de gendarmes qui ont pour mission de rétablir l'ordre et de mettre fin à la résistance du « Consell » destitué pour que des élections puissent se tenir dans le calme.
La sérénité revenue, au mois d'octobre, les gendarmes  quittent la Principauté.
A la même époque débarque en Principauté Boris Skossyreff qui est d'origine russe et, peut être, né en 1896. On apprendra, par la suite, qu'il a mené une vie aventureuse avant son arrivée en Andorre. Il a plus ou moins participé à la  Révolution russe de 1917. Il aurait été espion en Hollande.
Il a demandé l'asile politique en Angleterre, où, pendant deux ans, il est enrôlé dans l'armée britannique et s'attribue des titres de gloire totalement inventés.  Il a épousé une riche marseillaise, mais se promène avec une jeune maîtresse. 

 

Boris Skossyreff s’implante en Andorre puis est expulsé
Au printemps 1934  il s'établit en Andorre à Santa Coloma, près de Sant Julia de Loria, dans une maison qui existe encore et est appelée la « maison russe ».
Boris Skossyreff  commence son implantation. Il a compris que les problèmes du pays  étaient un terreau favorable pour proposer ses solutions économiques. Il rencontre les agriculteurs, les artisans, les décideurs, tout ce qui fait  la Principauté. Le maitre mot de sa campagne est l'amélioration du niveau de vie.
C'est ce programme qu'il va présenter aux conseillers d'un Gouvernement qui est en difficulté.
Cette première opération ne fonctionne pas. Il est expulsé de la Principauté et s'installe, en Espagne,  à quelques kilomètres de la frontière, à La Seu d'Urgell. 

 

Le retour de Boris Skossyreff et sa destitution
C'est depuis un hôtel de La Seu qu'il va préparer sa deuxième offensive. Il multiplie les rencontres avec les journalistes et va même jusqu'à rédiger une constitution pour la Principauté.
Il se prévaut du soutien de la noblesse européenne et fini par se proclamer héritier légitime des Comtes de Foix et du Béarn et explique qu'il n'est pas normal que ce soit le Président de la République Française qui ait la tutelle de la Principauté. Aujourd'hui on dirait qu'il propose l'indépendance du pays.
Le 6 juillet 1934, c'est le retour en Principauté où il promet au Président du Consell Général, Pere Torres Riba, de l'argent et l'amélioration économique à condition de le proclamer roi d'Andorre.
Le Consell approuve à l'unanimité le projet de Boris Skossyreff à l'exception d'un seul Conseiller qui va raconter l'histoire à l'évêché d'Urgell.
Boris Skossyreff, devenu Boris Ier, est rapidement considéré comme le vrai souverain d'Andorre par la population, qui voit en lui un bienfaiteur capable de moderniser radicalement le pays. Il désire notamment développer l'Andorre en voulant accueillir les capitaux étrangers. Le 9 juillet 1934, un gouvernement provisoire se constitue, le nouveau roi le charge de rédiger une Constitution et proclame la liberté politique, religieuse, d'opinion et de presse.
La royauté ne durera pas longtemps. Le Co-prince épiscopal n'accepte pas le Roi. Le 14 juillet, les forces de police entrent en Andorre et arrêtent le « souverain », qui est destitué puis envoyé à Barcelone. Il est ensuite envoyé à Madrid, puis exilé au Portugal 

 

Une fin mystérieuse…

En 1938, les autorités françaises lui ont permis de revenir à Aix-en-Provence, où il a rencontré sa vraie femme. 

Cependant, la trajectoire personnelle de Boris Skósyrev ne s'arrête pas là, bien qu'il y ait encore beaucoup de confusion sur sa vie après l'aventure andorrane. 

On sait qu'il a continué à errer dans plusieurs pays : le Portugal, Gibraltar, l'Afrique du Nord et un bref retour en Espagne, où la guerre civile l'a surpris.

De retour en France en 1939, il est arrêté faute de passeport en cours de validité et envoyé dans un camp de concentration à Verne, dans l'Ariège, à destination des « étrangers indésirables ». 

Là, apparemment, il a partagé des vicissitudes avec des exilés républicains et antifascistes italiens.

En 1942, les nazis l'ont libéré de la campagne française et, soi-disant, il a servi pour la Wehrmacht en effectuant à nouveau un travail d'espionnage. 

Sa trace a été perdue pendant la Seconde Guerre mondiale et pendant de nombreuses années, il a été considéré comme mort à la guerre.

Cependant, les dernières enquêtes ont révélé qu'il a non seulement survécu, mais a vécu en Allemagne de l'Ouest jusqu'à sa mort en 1989.

Il aurait également été arrêté par des Américains et plus tard par les Soviétiques.

Mais la fin de l'histoire reste très floue comme tout la vie « du roi ». 

 


Pour aller plus loin...

Boris von Skossyreff. Rey de los andorranos, agente de los alemanes

History of Andorra: Marca Hispanica, Boris Skossyreff,

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