Classée aux Monuments Historiques en 1951, Notre Dame des Fontaines est une chapelle chrétienne décorée de fresques du XVe siècle, bâtie sur les vestiges d’un temple païen en surplomb des 7 sources dont l’intermittence mystérieuse fut longtemps attribuée à la puissance divine…
Le sanctuaire, surnommé la « chapelle Sixtine des Alpes-Maritimes » abrite 220 mètres carrés de peintures et dont une catéchèse relatant en 25 fresques la passion, qui nous plonge dans les croyances et les superstitions des temps anciens.
Riche de symboles et de textes oubliés, Notre Dame des Fontaines n’a pas fini de révéler ses secrets.
Un peu d’Histoire… et beaucoup de fresques...
Selon la tradition locale, les sources de La Brigue se tarirent, peut-être à la suite d'un tremblement de terre. Ne pouvant plus arroser leurs champs, les villageois firent le vœu d'ériger une chapelle à la Vierge Marie, si elle rendait l'eau à leurs campagnes.
Les sources se remirent à couler...
A la fin du XVe siècle, deux peintres piémontais, Jean Baleison (le choeur) et Jean Canavesio, par ailleurs également prêtre (la nef et le mur occidental), ont réalisé un extraordinaire décor à l'intérieur de la chapelle qui décrit la Vie de Marie et l'Enfance de Jésus, ainsi que le Cycle de la Passion et le Jugement Dernier.
« Il y a tous les codes de la bande-dessinée, des méchants avec de mauvaises têtes, des gentils avec des auréoles. On peut faire un parallèle avec des 'comics américains, ce n'est pas Super-Jésus mais presque. Ces codes permettaient d'amener à une lecture naïve et de marquer les esprits », détaille Cyril Darius, guide à l'office du tourisme.
« A la base, c'était sans fenêtre, obscur et l'ambiance comme au ciném : les gens devaient être sidérés parce que c'est assez violent, ça montre des choses assez interdites comme l'intérieur des corps, la cavalcade des vices", poursuit Cyril Darius.
Comme également le personnage biblique de Judas pendu. Un démon à serres d'aigle et cornes de bouc semble arracher un corps de bébé, symbolisant l'âme du traître, de ses entrailles pantelantes. La peinture du Jugement dernier est à l'avenant : les menteurs sont embrochés, les avaricieux martyrisés par un serpent ailé à tête d'homme et des personnages s'adonnant à la luxure sont happés dans la mâchoire du Leviathan.
La scène licencieuse a disparu, gommée, tout comme le sexe de Jésus bébé, mais ce sont là les deux seuls endroits effacés.
Ces fresques furent inaugurées le 12 octobre 1492.
Réalisées « A fresco », les peintures sont dans un remarquable état de conservation.
A Paris, le musée des monuments français du Trocadéro, abrite la reproduction d’une partie de ces fresques exceptionnelles.
Intactes malgré la tempête de 2020
Ces fresques ont été épargnées par la tempête Alex qui a ravagé la vallée de la Roya fin septembre 2020.
« On est venu rapidement vérifier dès la catastrophe (...) et, miraculeusement, comparé aux destructions qu'on a pu voir (...), le vallon n'avait quasiment pas bougé, la chapelle non plus », explique, soulagé Cyril Darius.
Signe de l’intérêt porté à cette chapelle, la mairie a reçu des appels de la France entière pour savoir si la chapelle était toujours sur pied…
La Chapelle est à découvrir à la lumière naturelle.
Sanctuaire Notre-Dame des Fontaines
Vallon de la Madone,
06430 La Brigue
Tél. : 04 83 93 95 49
https://www.labrigue.fr/sites-visites-de-brigue/
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