Pendant deux siècles un tableau qui ornait un mur de l’Hôtel de Ville de Moisac était en réalité un portrait rare de Louis XV reproduit par Jean-Martial Frédou de la Bretonnière.
En décrochant ce tableau monumental qui ornait la salle du conseil municipal depuis deux siècles, Céline Piazza, employée du service patrimoine de Moissac, a remarqué des inscriptions sur le châssis et le cadre.
Ce portrait de Louis XV, que les habitants de Moissac prenaient pour une simple copie, s’est révélé bien plus précieux.
Céline Piazza a demandé à Emmanuel Moureau, le conservateur de l’abbaye de Moissac, de venir observer la toile.
Ils découvrent alors des marques signées « Musée Royal », puis l’inscription «peint en 1766 par Frédou aux frais de la musique de la chapelle du Roi».
En comparant plusieurs œuvres de l’artiste, le conservateur est remonté jusqu’à Louis-Michel Van Loo, peintre officiel de la cour d’Espagne et portraitiste de Louis XV.
Mais la vérité n'est encore totale : si Van Loo a peint cette toile sur laquelle le souverain est représenté en pied, revêtu de ses habits de sacre, il ne s’agit pas du tableau de Moissac.
Jean-Martial Frédou de la Bretonnière, alias Frédou, est rapidement identifié comme le véritable auteur de la toile.
Un peu d’Histoire…
En 1755, ce peintre rejoint le Cabinet des tableaux du Roi à Versailles, en tant que peintre copiste.
Seulement quelques années après le maître, il peint la réplique de la toile de Van Loo.
Emmanuel Moureau, le conservateur de l’abbaye de Moissac est formel, au micro de France Info : « C’est une copie conforme d’une œuvre originale peinte par Michel Van Loo en 1760 ».
« Elle est intéressante parce que ce tableau de Moissac a été offert par les musiciens de la Chapelle du Roi, donc c’est un argument supplémentaire pour son intérêt patrimonial national ».
Un mystère demeure : l’original de Louis-Michel Van Loo est introuvable et seules deux copies existent à ce jour, l’une à Versailles, l’autre à Beaune.
La demande d’inscription au titre des Monuments Historiques est à l'étude .
Après sa restauration, cette toile devrait quitter la salle du Conseil Municipal pour être exposée dans le cloître de l’abbaye Saint-Pierre.
Pour la petite histoire, on notera la ressemblance du portrait avec… Edouard Balladur…
