Une légende de la fin du XVIIe siècle rapporte qu’en ce temps-là, vivait dans les souterrains obscurs de Niort, un redoutable dragon, véritable serpent ail. Il terrorisait la ville, la nuit comme le jour, et se faufilait dans les rues, les jardins et les maisons, à la recherche de la chair tendre des petits enfants, des femmes et des hommes qu’il dévorait d’une seule bouchée.
Du paysan aux épaules solides au preux chevalier dont le courage est légendaire, personne n’osait affronter l’affronter en raison de sa puissance et maintes fois, elle avait déjoué leurs pièges et repoussé leurs attaques.
Or il advint qu’un jour, un petit soldat, nommé Jacques Allonneau, condamné à mort pour désertion implora sa grâce. Pour expier ses fautes et retrouver son honneur, il se proposa même de combattre ce terrible dragon qui terrifiait la population.
Armé d’un casque d’acier, d’une lance et d’un poignard, il se rendit près de la porte Saint-Jean à Niort, devant l’antre du monstre. Le combat fit rage, mais le petit soldat parvint à planter son couteau dans la gorge du dragon qui s’écroula en vomissant des flots de sang. Tout excité par sa victoire, le petit soldat ôta son casque, plein de fierté. Mais hélas, dans un ultime soubresaut, le dragon mordit le héros à la tête.
Le petit soldat et le dragon poussèrent alors ensemble leur dernier soupir…
Au bas de sa tombe se lisait cette épitaphe : « siste viator rem habes paucis : hi periere simul (arrête-toi voyageur, voici le fait en peu de mots : ils ont péri ensemble)». Une autre inscription était placée au-dessus de la tête du soldat : « homo occubuit serpentis veneno (l'homme a péri par le venin du serpent)».
Cette légende fait écho aux dragonnades, nom donné aux persécutions dirigées au XVIIe siècle, sous Louis XIV, contre les communautés protestantes. Les Dragons, corps d'armée du roi, étaient, en effet, chargés de convertir par la force les huguenots.
En 1992, cette légende locale est illustrée par l'installation de quatre dragons en bronze rue Aimable Ricard. En 2011, ils sont déboulonnés pour permettre les travaux de piétonisation de la rue. Afin de matérialiser les entrées du centre-ville, deux têtes sont transférées en 2012 en haut de la rue Ricard et les deux autres rues du Temple.